vendredi 1 mars 2024

L'envers

 












 


















 L’envers


Souffle aléatoire inversion du ventre

avec le haut attentatoire c’est illisible

l’outre l’au-delà l’inversion l’invisible

ça produit de la déviance puis du refus

ça descend de trop quand on manque

de consistance penser dévie détruit luit

quand on croit au pire au corps qui joue

des bandes se détachent insistant béates

un peu pour nous obliger à d’autres liens

à d’impossibles ressorts la chair danse

elle dresse de ses artères en gonflements

l’immonde calcul d’une chasse à l’homme

ça dévie en tons imprévus les sons flasques

d’une musique qui déconstruit le moment

des horloges dégradées la mort court après

pour nous faire naître retour de la danse

risque de foutre en l’air tout un discours

mémoire en contradiction avec le sang

d’outre-tombe versé par des larmes pliées

au chemin de la disparition en plein jour

sorti d’une page vierge qui charge le sort

le destin pluriel de l’accouché vestiaire

le nu exhorté à habiter ce qui l’habille

de quelle réserve sort l’irrespirable vie

qui commence à démonter les membres

en coupe en pluie sécrétions surnaturelles

juste au moment qu’il faut d’avaler sa faim

et démonter la voix qui copule à tout va

des mots hors d’un discours discontinu

chercher le sens c’est se donner en pâture

aux aberrations de la lecture qui va et vient

pour donner la mort au doux visage visité

aux caresses du temps sur des seins ressortis

sur la pointe des pieds le corps dévisse

le corps se déplie comme prostré à l’envers

longeant les dunes du ventre redondant

à l’air d’un soir infini au matin de la nuit

de ces pelures inventées en prostitution

le promontoire du rire qui touche en trop.





Thierry Texedre, le 1 mars 2023.




George Rouy (1994-)

artiste peintre

né dans le Kent, Royaume-Uni) vit et travaille à Londres.






dimanche 25 février 2024

Ce qui pousse à jouir

 








































Ce qui pousse à jouir

Tesfaye Urgessa touche à l’essentiel quand il peint, toujours l’action qui s’interpose entre l’origine et le présent de l’artiste, mais encore l’origine d’une composition qui se remémore la migration qui s’ouvre entre une histoire de l’art comme détection d’un savoir livré aux désirs de mettre un coin où ça fait mal de voir le même sans cesse, et l’expérience personnelle de la dite migration sans cesse en présence, sans cesse en devenir, poussant l’existant dans les retranchements de l’objectal. L’artiste crée parce qu’il fait souffrir le monde indéfini, le monde des mortels, le monde de la représentation, le monde des émotions, le monde de l’insupportable consistance du subconscient qui fait polémique à cause de ce qui se passe à l’extérieur de la toile. C’est ce qui pousse à jouir le temps de peindre. Le temps de la chair qui frôle l’inapproprié, l’illusion est à son comble alors. Allez voir ce que d’autres décrivent d’une peinture qui soulève l’intimité et la migration de l’artiste qui par ces images peintes nous embarque dans un sens du social qui épuise le réel, ce réel qui a trop refusé et refoulé l’acceptabilité raciale. Tesfaye Urgessa tente une approche du corps qui laisse parler Pablo Picasso, Lucian Freud ou Francis Bacon, tout cela pour nous emporter dans de troublantes images aux tons bruns et vert, dans une surimpression de membres nus puis coupés, posés comme contractés, distendus, allongés ou rétrécis, les visages décharnés, mais pourtant plein de frustration et d’attention, de questionnement. Les toiles dans leurs proportions, souvent des carrées aussi, montrent les personnages semblant nous impressionner, nous dominer. Jusqu’où l’inconscient peut-il travailler pour nous laisser entrevoir de nouvelles formes, de nouvelles associations picturales incitant alors la peinture à déposer l’histoire et rencontrer notre addiction sociale la différant ainsi d’un sens qui n’a plus l’objet de la décence, créant une récréation à notre vue, un temps dépossédée à trop recevoir d’images déconstruites, je veux dire par là qu’elles sont hélas ces images impossibles à développer une intelligence face à ce réel discontinu et contigu.



Thierry Texedre, le 25 février 2024.



 Tesfaye Urgessa (1983-)

artiste peintre plasticien Éthiopien

né à Addis Abeba, Éthiopie

vit et travaille à Nürtingen, Allemagne






jeudi 8 février 2024

Au loin tintinnabulant


 

 

Au loin tintinnabulant



L’espace restreint

titube voilé il sonne

cache ce qui s’évanouit

tutoie totem du vivant

triture tinte terrasse

l’articulé se déplace

les jambes écartées

le ventre allongé

le sexe retors se lève

pour durcir l’espace

le rendre vulnérable

à toute attaque à toute

pénétration dévoyée

ça fonce ça va trop vite

les sourcils devant

la sombre histoire

ni ouverte ni fermée

à en croire les on-dit

de la divulgation vile

celle commune celle close

de l’articulation gestuelle

du désir tombé du ciel

l’entre-deux s’extasie

du rien du vide de

la béance originelle

alors que ça sonne mal

en maux de mauvaise augure

l’impossible a lieu

puisque l’art d’articuler

se défend de peindre

l’image illuminée

au milieu d’un jeu dévasté

musique qui martèle

des sons romantiques

pour faire taire ces articulations

nauséabondes et aveugles

celles de ces jambes

retenues de la parole

qui renverse le cul

pour d’insensés sens

cachés et faire croire

qu’un inconscient existe

à tenir ces corps à leur place

celle d’une densité

d’un poids d’une pesanteur

pour faire parler jusqu’à

la décharge au trou l’ourlet

la blanche réserve

de ces couleurs asexuées

en gestes et germinations

pour montrer l’immonde

temporalité du peint

juché sur l’entrave nocturne

de la belle lune en surplomb

quel oiseau de mauvais augure

pousse l’esprit à tremper

sa déformation dans le bol

qui déborde de la foi

la touche la caresse depuis

ce joli nœud de surréel

la jouissance d’une possession

en trop le regard injecté

du sang désolant

du sang déshabillé

par les poux du corps écarté

les grimaces du temps

délivré de toute ivresse

des braises électriques

aux baisés trop longs

d’un amour elliptique

de la folie qui jette un œil

par dessus la plaie du monde

un timbre puis un autre sans fin.



Thierry Texedre, le 8 février 2024.



D'après "Fur Alina" d'Arvo Part




Le monde après la mort

 


























 Le monde après la mort


En blocs séparés

prose affamée du temps

dépassé vois ce sacré

entrain de monter

surcharge vocale

tremblement de la lecture

sur des esquintements

de conjugaisons lumineuses

la hauteur est une question

de croyance qui tombe

à trop ensorceler la vue

surdité vasculaire

les louanges sautent

la parole se liquéfie lente

agonie qui frôle la mort

si basse au registre

de la jubilatoire chair

au plus haut de sa défaite

puissante couche que la fin

entrain de naître depuis

le rire à tout va

la rivière qui commence

par entrer en confession

avec l'au-delà superflu

l'outre l'impossible retour

du croire qui descend

du croire qui s'évanouit

dans les errances insatisfaites

du grand déni du savoir

plongeant dans les abîmes

irrecevables de la lueur

de la couleur si vilaine

la couleur qui manque

cette immortelle réfraction

celle du temps qui se mesure

avec les cieux avant de souffler

sur les braises de la vie éternelle

parcours sans fin vite

toujours plus vite en chants

du désenchanté du pli

qui s'enlise dans la grammaire

du plaisir inassouvi d'un réel

occasionnel d'un réel au sang

de la résurrection l'arythmie

toute entière vertigineuse

dans l'embellissement

la grandiose farandole

de la vie qui s'ébat dans la mort.


Thierry Texedre, le 8 février 2024

sur la Symphonie-Passion 1 (Le monde dans l'attente du Sauveur) de Marc Dupré





Joan Miro, l'Espoir du condamné à mort I-II-III Triptyque 1974,

2,67 x 3,51 cm, acrylique sur toile








vendredi 19 janvier 2024

La tempête (avant/après)

 

 

 

 La tempête (après)


Sur ces récifs en surimpression j’observe lentement au loin les brumes évanescentes de l’horizon trop flou pour qu’il m’avertisse de la suite. Un point qui submerge, en grandissant, mon regard qui m’embarque soudain dans les méandres de l’invisible. Mes yeux se couvrent maintenant d’un brouillard hasardeux, me mettant dans l’impossibilité d’avoir une vision plus proche. Je marche en faisant de petits pas dans le doute. Dans la crainte d’avancer vers la falaise encore éloignée (il y a, c’est le seul endroit de la dune perché à quelques mètres des bords de la falaise où se marient la roche les excavations et des bords découpés dans la dune, un trou béant, isolé et incompréhensible), d’entendre le bruit qui se déchaîne des vagues sur ces récifs. Les yeux me piquent. Je les frotte, les rouvre, sans toutefois voir la forme des choses distinctement. Un bruit, plutôt une voix m’interpelle, une sorte de voix doucereuse, mais laissant entendre comme une demande, un appel. Des mots sans liens qui semblent venir de la falaise, là-bas, juste devant moi, à quelques mètres. J’avais failli repartir d’où je venais, marcher dans le sable mou, pour aller chercher ma voiture ; c’est une après-midi d’automne trop froid pour accueillir les derniers touristes. Je sens déjà une petite fraîcheur. On entend une superbe musique, celle d’une mer en mouvement, dont on doit retrouver le besoin d'écouter à nouveau la furie !! Il est dur de monter sur la dune, le vent froid traverse mes vêtements. Sans aucun doute, le soir, allait revenir avec la pénombre comme un vrai danger. Il me fallait pourtant aller au secours de cette femme ; était-elle en danger, avait-elle des blessures ? Si je pouvais ! Si je pouvais courir, montrer combien l’aide était naturelle, en finir avec ces retenues insidieuses et irréalistes. Mais voilà, rien de tout cela n’avait de rapport avec la réalité. Je sentais monter en moi comme un empêchement, me voilà empêtré dans une autre réalité, quelque chose d’improbable et d’impossible à envisager dans une telle situation. Le temps presse. Mes mouvements semblent se raidirent. Je n’avance plus. Mes jambes ne me portent plus. Qu’en est-il ? Que m’arrive-t-il ? Ma voix aussi ne s’arrache pas au-dedans. Aucun signe ne m’instruit des dégâts occasionnés en moi. Pourquoi tout ça maintenant ? Où est passée cette réalité qui m’insupporte ? Et plus loin la voix qui appelle. Elle me voit peut-être ? Ou bien m’entendre bouger, gesticuler. Je tombe sur un sol caillouteux. J’ai mal. Mes genoux surtout. Je ne vois toujours pas. Ou plutôt je regarde dans le flou, comme dans une brume, un voile blanchâtre qui gangrène mes réactions. Je dois avancer, même si j’ai des douleurs, je me crains peut-être de trop. Tant pis. L’éloignement s’amenuise. Je sais la falaise plus proche. Je sens déjà l’air et les embruns du large me caresser les narines, seules guides à ma disposition, le sol m’effrayant encore, à cause des passages étroits bordés d’ajoncs aux branches qui retombent, et qui se fourvoient partout dans la dune ; de vrais labyrinthes pour les non-voyants ! C’était devenu un insupportable déferlement d’images impossible à garder en mémoire tant, leur nombre allait en grandissant. Mes gestes ne suivaient plus la demande que j’imposais de leur indispensable véracité, leur autonomie m’imposait un vrai parcours du combattant. Tout sonnait faux. Même le réel. Même ces senteurs du bord de mer reconnaissables par la plupart des gens comme servant le bien-être. Mes membres ne répondaient plus. Au loin, ma mémoire pouvait encore seule, me donner une certaine reconnaissance de ce qui se passait à l’extérieur, devant moi. N’était-ce pas cette tempête intérieure qui touchait alors le cerveau, puis tout le reste de mon corps ? Les yeux me faisaient encore plus mal maintenant, ils me piquaient sans que je ne puisse les toucher pour les frotter. Un long moment, je restais là, impuissant, devant tous les événements, improvisant peut-être, je ne sais quel secours ; il m’importait peu si c’était un appel à l’aide (aussi), ou si j’avais inventé tout ça dans un délire, une quelconque folie qui me rongeait l’intérieur jusqu’à paralyser mon être dans son entièreté. C’était comme si la mort tentait d’intervenir ; au même moment que sauvegarder quelqu’un s’imposerait à moi dans l’urgence où le dit réel serait en train de m’atomiser, d’exploser ma vie. Voilà une frontière qui laissait entrevoir un certain désir d’en finir avec la montée du destin. Celui-là même qui vous fait revenir dans les limbes de la vie, la vraie vie, celle qui n’a que faire de ces délires inassouvis, puisqu’ils étaient malvenus, impénétrables et horrifiques. Il n’y avait plus de jeu avec la mort, je commençais à sentir mes doigts, puis mes jambes qui bougèrent au mieux, comme quand on se réveille. Machinalement, je me frottais les yeux encore collés. Je tournais la tête vers la droite, plus haut, une lumière rouge et floue m’attirait. Je respirais vite. Il était marqué six heures à l’écran du réveil.



Thierry Texedre, le 19 janvier 2024.


(avant)

La tempête (1506-1508) Giorgione

82 x 73 cm Huile sur toile






lundi 11 décembre 2023

L’espace reconsidéré chez Jorinde Voigt

 

 
 
 
 
 
 


 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 L’espace reconsidéré chez Jorinde Voigt


Si on retrouve des accointances entres certains artistes, certaines liaisons sont plutôt le résultat de parcours très différents. Une ressemblance ou bien un recoupement temporel dû au fait générationnel plus qu’à un regard saturé d’approches picturales préoccupées d’idéologies encartées dans une régression figurative ou expressionniste. Ici, penser montre un tout autre chemin pictural. « L’artiste cherche à développer des méthodes appropriées pour comprendre la constitution interne des images archétypales, ce qui se cache derrière ce que nous voyons, et comment ces images peuvent être vécues collectivement ou partagées. » La grande différence avec une peinture conceptuelle, réside dans l’approche collective du traitement pictural ici encore une fois mise en évidence par une cartographie comme réceptacle primaire d’une mise en avant d’une peinture contre ce qui le met en scène et le rend individuel. Jorinde Voigt est née en 1977, plus jeune de 7 ans que Julie Mehretu et 6 ans que Jessica Rankin, et par là même on remarque des rapprochements malgré l’éloignement géographique de Voigt qui est allemande. On retrouve aussi une recherche parallèle sur la mémoire chez Naomi Middelmann. artiste suisse. Si leur travail est différent, des réalisations des méthodes largement opposées, pourtant, les trois artiste semblent montrer une quête qui a pour effet l’apprivoisement d’un système mondialisé et déterminant une perception qui procède d’un même territoire. Une immersion, une quête, une graphie du temps, de la perception, de la mémoire et de la connaissance. Il y a comme une vision du dessus, combien même la peinture se voit de face. Ce qu’on ne peut voir ni penser pour la représentation, montrer une figure compréhensible par ses liens avec l’objet dans une symbolisation qui fait passer l’esprit, le signifie, par l’usage d’une lecture, une reconnaissance verbale, la langue. Là, l’artiste dessine dans l’espace des concepts, des flux de données impossible à déterminer sans l’usage de perceptions autres, satellitaires, informatiques, de l’intelligence artificielle, de captures macroscopiques et microscopiques, etc. Tous ces territoires frôlent une certaine saturation. Souvent Jorinde Voigt nous fait voir cette réalité surdimensionnée où l’individuation est montrée comme un dessin une microscopie en plongée, une immersion électrique [Son intérêt pour la musique l’a amenée à montrer des expériences musicales sous formes de vagues, d’ondulations résonnantes. Une forme revient, récurrente, le tore, « comme une équivalence qui existe dans le dialogue continu . Le Torus reconnaît à la fois notre perception de nous-même et parallèlement, la manière dont nous sommes perçus »] peut-être dans le risque d’attenter à toute perspective, même celle du corps de la dépense, on croit encore qu’il y a une possible réévaluation, faut-il repenser l’espace, n’y en va-t-il pas autrement, aujourd’hui, de cette mise en tension de l’espace à reconsidérer ? Et la couleur là dedans me direz-vous ? Il ne tient qu’à vous d’aller résoudre cette énigme en parcourant les graphies de toutes ces transparences. Le temps n’est-il plus coloré quand on se risque à montrer le monde en surplomb ?




Thierry Texedre, le 9 décembre 2023.


Jorinde Voigt (1977-)

artiste peintre et dessinatrice allemande

née à Francfort sur-le- Main, Allemagne

vit et travaille à Berlin

 
 
 
 
 
 
 
 
 



jeudi 23 novembre 2023

Marc Rothko, plage

 

 
 
 
Plage
Au loin le long train-train du travers l'espèce de certitude qui nous ronge de l'intérieur voilà ce qui nous plonge dans l'indifférence de ce corps usurpateur sali par l'insupportable excrétion du ventre maudit de loin en loin ça s'use si on regarde hors du corps-cavité hors de sa gangue de gueule insalubre et lubrique puant l'a-pesanteur du sexe moribond insatiable enfournant de son foudre la tête dans l'anus pubien du crâne volubile du crâne incendiaire qui croît à mesure que ce liquide séminal remplit la gorge trop profonde à sec la discrétion semble de mise ici tout près plutôt au plus près d'un visage aux yeux troubles puisque l'autre n'y voit que du feu il retourne à l'envers sa touffe-cheveux forte pilosité derrière devant discutant à ne plus savoir rien de ce qu'il chante en entonnant sur un corps étrange un corps sans nom ni tuméfaction lisse un corps ivre qui vocifère la langue impossible avalant la chair totale qui va s'interposer la voilà à une parole ignifugée celle de la chair de l'âme de l'autre sur cette plage de sable fin et doré trop chaud pour s'y allonger. La peinture nous inocule, indifférente à la vie, cette soumission au risque, face au néant, au chaos des choses. Il y a comme un malaise devant la peinture qui nous emprunte, vole nos illusions pour nous illuminer alors. Tranche de vie depuis une plongée dans l'essentielle monstruosité du dedans entrain de remplacer ce qui dehors est hors de notre portée. Ouvrir et refermer l'opercule informe du temps, c'est faire une pause, se poser là où tout devient possible d'un désir avoué, depuis l'astre mortifère, par delà les usurpations de sens. Ça tremble lentement devant ces espaces infinis aux tréfonds de couleurs ancestrales on croit remonter aux sources de cet inconscient inhospitalier c’est la « carnaissance » « l’incandescence » révélée revisitée en intriquant l’histoire d’une peinture et celle d’une plongée improvisée et inquisitoire c’est là qu’une suspicion s’installe se met en mouvement comme pour nous démontrer que la peinture n’a rien à voir avec ce qui s’y voit depuis l’interminable vélocité du regard en attente de plaisir pour cacher sa mise en abîme de la pensée depuis ce déplacement temporel cette réalité qui nous met en émoi tant pis pour ce qui se trame du réel peint par l’artiste ici Marc Rothko.
 
Thierry Texedre, le 23 novembre 2023
 
 
 
Mark Rothko, 1961
Orange, rouge, jaune
 
 
 
 
 

jeudi 9 novembre 2023

Polylogue 1, 2

 


 

 

Polylogue

1


Sur quelle aisance

ce dire sonne

pourquoi tout dialogue

sort de la langue

position d’une pause

rupture d’un sens

sur une mémoire

longue litanie du vivant

entrain de se couper

monde du vraisemblable

tout sujet de l’élocution

n’a de cesse d’attenter

au risque enivrant

de taire une norme

l’établissement d’une loi

la vie rencontre ce sacré

s’interdisant de reconnaître

la loi comme illumination

le corps touche sa fin

quand il prend en charge

la parole comme acte

le dedans est ce pour quoi

le rêve existe constant

contre le temps de la loi

le transfert s’opère

quand une écoute

intérieure semble

toucher au corps

à sa cavité sa chair

le plaisir qu’un corps

a de commenter de dire

ce corps plonge

l’esprit dans un sens

que le temps nomme

contre toute extériorité

d’un réel attaché au vrai

l’enfermement est cet état

du réel qui oblitère le vrai

sous l’impulsion

d’une rencontre

celle de la voix

qui fait crier le corps

soumis à l’image

au même à l’unique

comme objet désiré

objet de l’insoumission

sorte de croyance

encéphalique mimesis

qui sort le pensant

de sa toupie c’est l’horreur

d’une exposition

un discours produit

c’est une supplication

qui s’avance se lit

l’interdit du corps

sa gangrène

cette sorte d’avant

qui tourne la tête

jusqu’au vice versé

en sang polémique

révolution de travers

l’instant diluvien

du commun touche

au massacre et à la terreur

les corps sont voués

à la découpe pure perte

de la désobéissance à la loi

la monstruosité règne.


2


En plongée l’art s’étire

vers ce sacerdoce

cette impuissance à finir

c’est l’or du bien

qui pour sévir saute

sur les desseins créés

dans l’air ignifugé

l’ourlet du corps nu

ôté de ses sens

pour laisser vibrer la chair

au purgatoire du désir

la puissante exaltation

de ces pleurs inavoués

vous emmène divine

fracturant le vol

interdit de l’esprit

dans ce ciel ostentatoire

l’espoir osmose

balançant la vue

de travers pour

exaspérer la peinture

elle est la promise

l’immersion du sacré

dans un corps dénaturé

sexe applaudit

par l’étreinte maudite

par quel risque coloré

partout sur la toile

glissent les gouttes

de ces cœurs affadis

d’où aucune raison

ne sort vaincue de douleur

ça cogne le plaisir

l’immoralité de l’âge

les plis surnaturels

qui vous promettent

l’allongement servile

du temps détrempé

par la couleur érudite

le violon de celle qui bat

que se souvienne

cette musique encore

pour qu’un jeu se joue

de la fin ou de la mort

le sarcophage bleu

se referme sur la foi

bénissant la sale vie

la vie qui s’ouvre

soufflée des seins

en coupe de face

de profil les doigts

pliés à plat de travers

le peint dévisagé

par l’œil en coin

en bas vu du haut le sexe

l’intégration mise en pause

le jeu en vaut l’envie

d’abstraire de soumettre

d’absoudre l’infini

pour résoudre un défi

celui d’une absence

l’absence de ces voix.



Thierry Texedre, le 11 novembre 2023.





Pablo Picasso

« La suppliante » 1937

gouache sur bois, 24 x 18,5 cm













 

lundi 6 novembre 2023

siffle le silence

 


 

 

Siffle le silence


L’hypnose fouette

l’horreur l’oiseau ardent

se couvre d’un silence

dans l’ombre du dernier saut

se cache là derrière la foi

les larmes sans fin

tombent d’une épreuve

pour partir du ventre

averti de la douleur

d’une course éperdue songe

le regard de l’autre tremble

fou et vulnérable s’agitant

chante en sauts interrompus

pour la première fois

pleure dévoré

et l’oiseau tombe sans cri

du désir ses ailes mouillées

pourquoi des notes odorantes

au loin frappent un printemps.



Thierry Texedre, le novembre 2023



artiste peintre Caroline Dahyot

 

 

 

 

 

 

samedi 4 novembre 2023

La peinture Rock de Lucie Picandet

 

 
 
 

 

 
 
 
 
 

 
 
 
 
 

 
 
 
 
 

 
 
 

La peinture Rock de Lucie Picandet


Aurait-elle été exécutée un temps passé d’un point de vue « surréaliste », à extraire du monde mis en peinture ces objets de leur inclusion au réel, et ces objets seraient-ils alors confrontés à un autre réel, celui de la peinture reconstruite selon une « écriture automatique », une dictée de la pensée en l’absence de tout contrôle « exercé par la raison » ? Le pouvoir de la peinture aujourd’hui le permet toujours, même si l’éveil lui, n’a plus grand intérêt à se soumettre à de tels approches. Pourtant, à y regarder de plus près, on traverse bien cet intérêt pour l’histoire du surréalisme. Le dadaïsme est littéralement le point de départ de l’œuvre de Lucie Picandet. Pourtant, le fil conducteur de cette peinture sera celui du Rock. Toujours prête à délivrer un message, sous de nombreuses controverses visuelles. Ses associations nous confondent, pour que nous recomposions un univers hybride, comme pour palier au manque de jonctions entre les objets peints, pour nous essayer à une lecture littérale. Au début, les peintures montrent des textes en incrustation, comme pour faire la jonction entre l’écrit et la vision, une vision qui ne serait plus seulement récréative, mais faisant une incision, une coupure dans le réel, libérant l’inconscient de sa gangue esthétisant ; le sujet se délivrant d’un impossible lien avec ce lieu, celui du temps de la déconstruction. Puis, l’artiste produit de nouvelles consonances, l’abstraction touche la figuration pour battre cette résistance électrique de l’une sur l’autre ; la paranoïa et l’hallucination déforment toujours le spectre peint. Ici, l’artiste montre que le hasard produit la même chose que le rêve. « Les fragments individuels sont insignifiants pris hors de leur contexte, mais vécus collectivement, ils possèdent une signification plus grande ». Les gens peuvent alors entrer dans un univers « d’incarnation ». On rencontre la vie qui pousse, on y « croit », vu que ça croît, dans les dernières peintures de Lucie Picandet ; les textes disparaissent au profit d’un encrage verbal externe, là où le regard va permettre de penser un autre réel, un volume, celui du sujet. « La peinture nous montre que penser c’est autre chose, pousser, croître en peinture, au plus proche de la nature, là où chaque goutte d’eau contient un infini. » « Les formes symbolisent une action précise sur la conscience. »


Thierry Texedre, le 3 novembre 2023.



Lucie Picandet (1982-)

artiste peintre née à Paris

vit et travaille à Fontainebleau, France